Cyrille Harpet, anthropologue et philosophe de formation, est enseignant-chercheur à l’École des hautes études en santé publique de Rennes, et membre du département des sciences en santé environnementale, dont l’une des missions est de contribuer à la connaissance des risques liés aux facteurs environnementaux, avec pour objectif de promouvoir des villes et des territoires favorables à la santé. Dans cet épisode, il nous parle de l’urbanisme comme déterminant majeur de la santé des populations.

Des choix d’urbanisme peuvent infléchir les effets néfastes de la ville : par exemple, une mauvaise qualité de l’air et ses conséquences sur la santé respiratoire et cardiovasculaire, ou encore une exposition permanente au bruit et ses impacts sur le sommeil et la santé mentale. Mais l’urbanisme favorable à la santé ne vise pas seulement à minimiser l’exposition des populations à des facteurs de risque. Il peut aussi maximiser l’exposition des citadins à des facteurs de protection, comme la pratique de la marche ou du vélo, l’accès aisé à des infrastructures essentielles (école, centre de soin, lieux de sociabilité) et à des espaces verts.

La relation entre urbanisme et santé est devenue encore plus complexe à penser depuis que le changement climatique oblige à anticiper et prévenir des phénomènes dont on commence seulement à comprendre les implications sanitaires. C’est le cas des îlots de chaleur urbains et de leurs effets significatifs sur le niveau de stress, la santé respiratoire et cardiovasculaire, la qualité du sommeil, l’anxiété, voire les maladies infectieuses. Pour les atténuer, on envisage la réintroduction d’espaces naturels en ville. Une très bonne idée, nous explique Cyrille Harpet, sous réserve que l’on soit bien conscient qu’elle est à manipuler avec des pincettes si l’on ne veut pas que ces espaces de biodiversité urbaine ne se transforment en viviers de virus ou d’autres espèces animales, à leur tour problématiques pour notre santé…

Créer des villes résilientes, durables et saines est devenu un enjeu essentiel, mais le projet est loin d’être simple.

Crédits

Podcast : © Apivia Prévention & Ethnomedia

Auteur : Jean-Christophe Moine

Prise de son : Séverine Roly

Mixage : David Trecos